« La Fantasy est un genre littéraire à part entière, et non à part! »

Par Mattmatt (Express Yourself), publié le 04/12/2012 à 16:55, mis à jour le 05/12/2012 à 10:09

(http://www.lexpress.fr/culture/livre/la-fantasy-est-un-genre-litteraire-a-part-entiere-et-non-a-part_1194071.html)

Mathieu Boizard est tombé dans la marmite de la fantasy tout petit. Il nous ouvre son coffre aux trésors rempli de références en la matière, et défend sa passion pour ce genre littéraire à part entière.

"La Fantasy est un genre littéraire à part entière, et non à part!"
 

La sortie en salle mercredi 12 décembre de The Hobbit, attendu par des millions de fans à travers le monde est bien partie pour créer la même effervescence que lors du premier volet du Seigneur des Anneaux il y a maintenant 10 ans. Une preuve s’il en fallait que l’univers de la fantasy et ses sous-genres (heroic, dark, science …) rassemble une large communauté qui s’étend de la littérature au cinéma, en passant par la télévision et les jeux sous diverses formes.

Pour ma part, je nage dedans depuis tout petit. Est-ce parce que je vis non loin de la forêt de Brocéliande et des légendes arthuriennes? Peut-être! En tout cas, j’ai toujours eu beaucoup d’imagination. Gamin, j’allais chasser le monstre dans les bois avec mes cousins et l’on partait à la recherche du trésor d’un dragon imaginaire, armés d’arcs et d’épées dont la durée de vie ne dépassait guère deux heures. Je ne saurais dire honnêtement à quel moment précis remonte ma fascination pour ce genre. D’aussi loin que je m’en souvienne, je m’ennuyais avec des histoires de personnages normaux ou « comme moi », alors que je rêvais les yeux ouverts en écoutant les récits de chevaliers, ou en lisant mes premières légendes de la mythologie grecque.

J’avais justement besoin de cet ailleurs, d’évasion, d’aventures (j’ai pris pour parents spirituels Indiana Jones et Lara Croft), une chose que je n’ai trouvé que dans la fantasy. Un monde dans lequel évoluent humains, elfes, nains, orques et gobelins, dragons et magiciens. Chaque peuple ayant ses propres langues, coutumes, histoires, dans un décor médiéval ou mythologique. Une vie propre anime cet univers où, pour celui ou celle qui y entre, tout ou presque devient possible, sans « codes » puisque soumis uniquement à la créativité de ceux qui lui donnent vie.

 Du coup, c’est vite devenu une sorte d’appétit: ma curiosité pour toutes les mythologies travaillait mon imaginaire et me donnait envie de découvrir toujours plus de nouvelles histoires. Moi qui n’étais pourtant pas un grand lecteur, je me suis mis à dévorer les romans de Chrétiens de Troyes, mais aussi des versions « allégées » de la Matière de Bretagneet de L’Iliade et de l’Odyssée. Mais comme pour pas mal d’enfants, ça manquait d’images à mes yeux. Je me suis donc naturellement tourné vers les BD et j’écumais les rayons de la bibliothèque municipale: ThorgalChroniques de la Lune NoireLanfeustTrolls de Troy … Plus âgé, j’ai commencé à dévorer Le Vent Des DieuxLes Eaux de Morteluneet 666. Des univers aux graphismes riches, aux scénarii plein de rebondissements, tantôt comiques ou oniriques, tantôt sombres et torturés, et surtout des personnages uniques, des héros au sens premier du terme.

Etudiant, je suis revenu vers les romans grâce aux Chroniques des Vampires(le mythe du vampire flamboyant sublimé par la plume d’Anne Rice, rien à voir avec Twilight) et bien évidemment l’oeuvre de Tolkien. En intégrale s’il vous plaît! Les points communs entre toutes ces oeuvres de fantasy? Des valeurs: la force, la bravoure, l’intelligence, les pouvoirs magiques, un côté épique, sauver le monde voire l’univers tout entier ou vivre des aventures à couper le souffle, des histoires d’amour aussi, quoi de mieux quand on est un ado timide et réservé? J’étais un peu le personnage de Bastien dans l’Histoire Sans Fin, qui aspirait à devenir comme eux. Il me suffisait d’ouvrir un livre de fantasy et mon imagination faisait le reste. En grandissant, je voulais suivre leur exemple.

Bien évidemment, ma passion pour cet univers ne se limitait pas aux BD. La télé avait ce don merveilleux de donner vie à des histoires fantastiques! Des dessins animés tels que Conan l’Aventurier, Les Mondes EngloutisLes Mystérieuses Cités d’Or,Saint-Seiya ont bercé mon enfance pour faire quelques années plus tard place à des mangas comme Les Guerres de Lodoss , les Visions d’Escaflowne ou Princesse Mononoke. J’ai aussi grandi avec Hercule et Xéna (délicieusement kitsch aujourd’hui!) qui furent parmi les premières séries à user d’effets spéciaux et d’images de synthèse sous ce format. Adolescent, j’ai continué avec Les Chevaliers de Tir Na NogLa Caverne de la Rose d’Or, et j’ai enchaîné avec avec Buffy contre les vampiresCharmed … Il y avait toujours une nouveauté à découvrir et puis, la magie était à la mode. Halloween débarquait en Europe, je pense que cet attrait populaire pour le surnaturel était lié à cette (re)découverte de la fantasy mise au goût du jour en milieu urbain.

Côté cinéma, si je n’ai pas eu le droit de voir les Conan version Schwarzy avant un certain âge, je voue en revanche une vénération sans borne au superbe Willow de Ron Howard (j’en connais des répliques par coeur!), qui s’inspire d’ailleurs de la trame du Seigneur des Anneaux. J’ai enchaîné des dizaines de films considérés comme des oeuvres de second rang, ou de gentils nanars par la critique: L’Histoire Sans Fin évidemment, Les Aventures des EwoksKalidorLegendet des films médiévaux comme La Chair et le Sang ou Braveheart. Les années 90 étant étonnamment « pauvres » en films fantasy, il a fallu attendre le changement de siècle et une explosion des effets spéciaux pour découvrir Beowulf300, l’univers d’Underworld, les remakes deConan et du Choc des Titans … Mais surtout connaître l’apothéose avec le Seigneur des Anneaux, LE film au dessus de tout autre.

Vous vous dites sûrement qu’avec cette longue énumération de références, j’en ai fini avec la fantasy? Mais pas du tout, je n’ai pas encore abordé le ludique! Car livres, télé et cinéma n’étaient toujours pas suffisants pour rassasier ce besoin d’imaginaire. Après une brève période à jouer aux cartes Magic, je suis passé au wargame. J’ai découvert le monde de Warhammer il y a une douzaine d’années. Des petites figurines à monter et à peindre, des jeux de stratégie: les échecs en version épique en somme! Deux ans plus tard sortaient les figurines issues du Seigneur des Anneaux. Imaginez un grand gamin de 16 ans jouant aux petits soldats comme s’il s’agissait de Playmobils!

Dans son oeuvre, Tolkien fait appel à des notions de bases comme le combat du bien et du mal qui lui ont souvent valu, à tort, d’être considéré comme naïf, alors qu’il présente aussi des valeurs nobles comme la liberté, le courage, l’amitié. La fantasy est un genre littéraire qui réussit à toucher petits et grands, hommes et femmes, il est ouvert à tous. Il existe une seule condition pour y accéder, valable uniquement pour les grandes personnes: avoir gardé son âme d’enfant. Je suis heureux, et même fier de l’avoir conservée. Il y a quelques temps, j’ai pris mes places de cinéma pour une journée « Terre du Milieu » avec la projection des trois films du Seigneur des Anneaux suivis en avant-première du Hobbit. En tenant les tickets, je me suis mis à sautiller sur place comme si c’était le jour de Noël. Les gens derrière moi m’ont lancé ce petit regard complice qui disait « nous aussi, on en sera. » J’ai hâte de repartir pour un aller-retour dans le monde de Tolkien. Je sais déjà que l’ambiance sera comme il y a 10 ans: magique!

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